COLLECTIF D'ETUDES ET DE RECHERCHES SUR LES CIVILISATIONS SLAVES

Section slave de l'ATTESH
ATELIER DE TRADUCTION DES TEXTES EN SCIENCES HUMAINES


ARCHIVES MANIFESTATIONS SCIENTIFIQUES 2007-2008

-Gustav Chpet et sa postérité : aux origines russes de la sémiotique et du structuralisme(2006/2008)

-Colloque organisé du 21 au 24 novembre 2007 : « Gustave Chpet et son héritage : aux sources russes du structuralisme et de la sémiotique. Creuset d'influences et intérioriqation des marges-I- »
(programme, présentation en russe et en français, échos et comptes rendus)

Programme du colloque
Présentation française du colloque
Présentation russe du colloque

Les échos du colloque
Bibliographie Gustav Chpet
Les publications de Maryse Dennes sur Gustav Chpet

 

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3) Pour l'année 2006-2007: préparation d'un colloque international sur l'œuvre de Gustav Chpet et sa postérité :

« Gustav Chpet et sa postérité : aux origines russes de la sémiotique et du structuralisme »

Responsable : Maryse Dennes (Professeur à l'université Michel de Montaigne - Bordeaux 3, département d'Etudes Slaves).

Ce colloque sera le point terminal du programme de recherche que nous lançons sous le titre « Textes, Lieux et Frontières ». Tout en participant au mouvement de réhabilitation des grandes figures de la culture russe, disparues au moment de la « Grande terreur » stalinienne (G. Chpet est mort fusillé à Tomsk en 1937) et à la restauration des grandes œuvres de l'ère soviétique, condamnées à l'oubli ou à la falsification pendant plusieurs décennies, nous engagerons une approche réellement théorique et philosophique de l'œuvre de ce grand philosophe (Disciple russe de Husserl, Professeur à l'université de Moscou jusqu'à la fermeture de la chaire de philosophie en 1921, puis grande figure reconnue de la vie intellectuelle moscovite jusqu'en 1929), ainsi qu'une étude des implications de son œuvre dans les différents domaines de la culture (littérature, sciences humaines, arts). Nous verrons comment son œuvre, aux origines du structuralisme et de la sémiotique, a donné les bases d'une explication des modes de construction et de déconstruction, opératoires jusqu'à nos jours dans les domaines littéraires, artistiques autant que scientifique. La prise en compte des sources occidentales de cette œuvre philosophique (influences la philosophie des lumières, de la phénoménologie husserlienne, de la philosophie du langage anglo-saxonne et allemande, de l'empirisme anglais et de l'herméneutique diltheyenne) et de certains éléments relevant aussi de la culture russe, nous permettront de déceler comment, à travers certains « textes » et en certains « lieux », des courants de la philosophie occidentale furent reçus et retravaillés dans le contexte de la culture russe, même à la période soviétique, et comment, dans un tel contexte, les « frontières » entre la culture russe et la culture occidentale, sans cesser d'exister, furent toujours mouvantes et livrées aux aléas des influences réciproques. Dans le cadre d'une collaboration déjà engagée avec l'Université de Russie de l'Amitié des peuples (RUDN-Moscou), la Faculté d'Études slaves de l'Université de Szczecin (Pologne) et l'Université de Tver, nous mettrons particulièrement en valeur les éléments de l'œuvre de Gustav Chpet qui suscitent aujourd'hui l'intérêt des spécialistes en linguistique, en philosophie du langage et en sciences cognitives, et nous montrerons comment la découverte de G. Chpet sur la structure du mot et de l'expression peut avoir une fonction heuristique dans les domaines de la théorie littéraire et de l'esthétique, ainsi que dans la revalorisation des sciences humaines par rapport aux sciences dures. Nous chercherons à montrer comment des procédés littéraires comme la métalepse ou la métaphore peuvent être expliqués de façon nouvelle sur la base de cette structure, et comment cette dernière peut se donner comme un principe logocentrique d'interprétation et de constitution des faits culturels, dans un cadre qui, sans les rejeter, permet néanmoins de dépasser les frontières des cultures nationales.

D'un point de vue plus pratique, le travail déjà engagé à Bordeaux 3, autour de l'œuvre de Gustav Chpet, pourra servir de point d'appui pour l'organisation d'un séminaire et le développement des activités de recherches et de traductions en vue de la préparation du colloque. Les compétences réunies de nos collègues, spécialistes en linguistique, littérature et philosophie du langage, ainsi que les recherches déjà avancées de nos doctorants dans ces domaines, ajoutées à l'intérêt de nos collaborateurs extérieurs (français et étrangers) pour nos travaux sur Gustav Chpet, nous permettront d'organiser le séminaire annuel du CERCS, en en faisant un lieu privilégié pour la préparation des étudiants et des autres participants à la compréhension et à la réception des interventions du futur colloque. Insistance pourra être faite, en particulier, sur le contexte historique et culturel des années dix et vingt du XXe siècle, sur le cadre intellectuel à l'intérieur duquel a pu se développer l'œuvre de G. Chpet, sur les différents courants de pensée, les différents influences et les problématiques qui ont alors marqué l'intelligentsia moscovite. Simultanément, nous pourrons continuer le travail déjà entamé sur les œuvres de Gustav Chpet. La première œuvre maîtresse, Javlenie i smysl (Le phénomène et le sens), qui a été publiée en 1914, et dont nous avons déjà, à ce jour, avancé la traduction, sera, nous l'espérons, publiée au moment de la préparation du colloque. D'autres projets de traduction et de publication sont en vue, comme, par exemple, l'ouvrage « Vnutennjaja forma slova » (La forme intérieure du mot), dans lequel G. Chpet a fait une approche critique des thèses de W. von Humboldt sur le langage, et qui suscite aujourd'hui la curiosité de certains linguistes et philosophes occidentaux. Enfin, les relations que nous avons déjà établies avec les spécialistes de l'œuvre de Gustav Chpet en Russie et dans d'autres pays d'Europe (Hongrie, Grande Bretagne, Allemagne) et des USA (Chicago, Philadelphie) nous permettent d'envisager l'organisation d'un colloque qui, attendu par la communauté internationale, devrait bénéficier d'un certain retentissement autant en Russie qu'en Occident.

Le programme de recherche intitulé « Textes, Lieux et Frontières » s'achèvera donc dans une perspective européenne. La réhabilitation d'une œuvre rejetée, en Russie, au XXè siècle, par l'un des deux grands systèmes totalitaires qui ont marqué cette époque, servira à témoigner que les frontières, intérieures à l'Europe, sont souvent là pour être déplacées ou même résorbées par des œuvres qui, pour être comprises dans toute leur envergure, n'en demandent pas moins à être étudiées à travers leur ancrage linguistique et national particulier. De telles considérations nous permettront de revenir sur l'ensemble des colloques du programme et de tirer des conclusions générales quant au mode de présence des pays slaves dans le monde à la fois politique, social et culturel de l'Europe.

 

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