COLLECTIF D'ETUDES ET DE RECHERCHES SUR LES CIVILISATIONS SLAVES

Section slave de l'ATTESH
ATELIER DE TRADUCTION DES TEXTES EN SCIENCES HUMAINES


ARCHIVES MANIFESTATIONS SCIENTIFIQUES 2004-2007

 

2005-2007:

Cultures narratives et linguistiques dans les littératures slaves (2005/2006)

2004-2005:

Vaclav Havel - Politique et poïétique (2004/2005)

 

 

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1) Pour l'année universitaire 2004-2005 : Préparation d'un colloque international consacré à l'œuvre de Vaclav Havel :

«  Vaclav Havel - Politique et poïétique »

et qui s'accompagnera, tout au long de l'année, d'un travail et d'une réflexion centrés sur le rôle politique de l'intelligentsia dans les pays slaves, à l'époque actuelle.

Responsable de l'organisation du colloque : Milan Burda (MCF de tchèque à l'université Michel de Montaigne - Bordeaux 3)

Du point de vue théorique, il s'agira de rechercher les modes de passage du discours littéraire (à base métaphorique) au discours politique (à base discursive et/ou apologétique) et vice-versa, et de rejoindre ainsi des questions actuelles en philosophie du langage autant qu'en philosophie politique (cf. Rorty, Dewey, Sellars aux USA et, en Russie, la récupération actuelle des œuvre d'A. Losev et de M. Bakhtine ou les influences de Cassirer, Heidegger, Wittgenstein). Dans cette perspective, les «  lieux » et les «  textes » seront appréhendés non point de façon distincte ou séparée, mais comme interférant à travers les jeux du politique, du social et du culturel ; et les «  frontières » qui retiendront notre intérêt seront celles des croisements de perspectives perçues dans leur évolution, dès lors que nous avons affaire à une véritable œuvre de création. À travers l'exemple de Vaclav Havel et de la République tchèque, insistance pourra être faite : (1) sur les modes de présence du sujet individuel ou collectif dans le choix des orientations culturelles et/ou politiques ; (2) sur les structures du «  texte » (envisagé dans un sens large) permettant le jeu des différenciations et des ralliements en vue de certaines réalisations identitaires.

D'un point de vue pratique, une telle orientation de recherche permettra de solliciter toutes les compétences représentées par les enseignants et les enseignants-chercheurs du département d'Etudes slaves (littérature, linguistique, histoire culturelle, philosophie, civilisation) et concernant les différentes pays slaves (République tchèque, Russie, Serbie et Monténégro, Slovaquie, Pologne). Elle représentera aussi un moyen privilégié pour poursuivre des collaborations déjà engagées, répondre à des propositions de collaboration (université de Philadelphie en la personne de Petr Steiner et de Bruxelles en la personne de Jan Rubes), développer une collaboration avec l'université de Bohème du Sud («  Jihoceská univerzita » de Ceské Budejovice) sur la base d'une convention qui vient d'être signée. Le séminaire du CERCS sera organisé en tenant compte de ces différents paramètres. Dans le cadre du laboratoire de traduction, près le CERCS, des traductions pourront être préparées sur les problématiques privilégiées en vue de la préparation du colloque. Des étudiants de maîtrise pourront y consacrer leurs mémoires ou travaux d'études et de recherches. Cela pourra d'ailleurs concerner non seulement la République tchèque, mais l'ensemble des pays slaves représentés par les enseignants et enseignants-chercheurs participant aux activités du CERCS. Il s'ensuivra un travail d'analyse et de confrontation des textes et des expériences, et de ce fait une ouverture de la problématique culturelle et politique à des dimensions multinationales et à des considérations susceptibles de faire mieux comprendre les moyens d'intégration des pays slaves à l'Europe.

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2) Pour l'année universitaire 2005-2006 : Préparation d'un colloque international :

« Cultures narratives et linguistiques dans les littératures slaves »

Responsable : Catherine Géry (MCF de russe), spécialiste de littérature russe, et en particulier de l'œuvre de Leskov.

À partir de l'œuvre de l'écrivain russe du XIXè siècle, Leskov, et sur la base d'autres exemples d'œuvres littéraires du dix-neuvième et du vingtième siècle, une ligne directrice sera proposée, permettant de prouver la permanence de la culture du récit qui parvient à survivre à toutes les tentatives de déconstruction. Comme le révèle la littérature contemporaine, cette résurgence du narratif s'accompagne aussi d'une reconstruction du sujet. Il sera intéressant de montrer comment certaines formes narratives perdurent, dès lors que l'on rattache la culture du récit à celle du « mot en tant que tel », de la néologie ou du calembour, et comment l'on peut avoir affaire alors à des reconstructions compensatoires du monde, susceptibles de solliciter des genres littéraires divers, et permettant de déceler la présence d'un sujet dans le jeu de formes narratives traditionnelles (contes populaires, fables, réminiscences de textes anciens, hagiographiques ou édifiants). L'importance de la culture du mot dans les œuvres narratives permettra non seulement de dégager certaines spécificités de la linguistique slave du XIXè siècle (Chichkov, Potebnia...), mais de montrer comment les interférences de certains domaines du savoir comme la littérature, la linguistique, la philosophie, la théologie et l'esthétique, ont permis de donner, en Russie, au début du XXè siècle des bases méthodologiques sérieuses à l'ouverture de champs d'expérience nouveaux dans le domaine de la narration. Ici, les « lieux » seront donc les « textes » eux-mêmes, et les « frontières » seront celles des genres traditionnels que l'écriture du skaz tend à brouiller ou à résorber, à déplacer ou à dépasser.

Les recherches conduites à Bordeaux, autour de l'œuvre de Leskov, mais avec aussi des interrogations en direction de la déconstruction - reconstruction du récit (thèse en préparation sur V. Podoroga et la littérature de la déconstruction) se correspondent et sont complémentaires. Dans tous les cas, il s'agira d'étudier les spécificités et les fonctions des faits de narration, et c'est vers la compréhension des formes d'émergence, de renaissance et de réhabilitation du récit que nous nous orienterons, cette année-là, au sein du séminaire du CERCS. Les étudiants du futur Master de Langues, littératures et civilisations slaves ainsi que des doctorants pourront prendre une part active aux activités de recherches du collectif en orientant leurs travaux vers ces mêmes problématiques, et des activités de traduction au sein du laboratoire de traduction, près le CERCS, pourront être engagées en ce sens. Une collaboration avec le département de Lettres de l'université de Saint-Pétersbourg pourra aussi être privilégiée compte tenu de la convention existante entre nos deux universités et des spécialistes de Leskov et de la littérature russe avec lesquels nous entretenons déjà des contacts (I.V. Stoljarova, M.A. Baïbourine). C'est sur la base d'un tel travail en synergie qui se développera tout au long de l'année que nous prévoyons d'organiser le colloque international sur Leskov, en l'élargissant aux cultures narratives et linguistiques dans toutes les littératures slaves. De nouveau, la confrontation des résultats de la réflexion appliquée aux différentes aires culturelles slaves nous permettra de voir si l'on peut envisager l'existence de principes de connaissance et de discours communs à tous les pays slaves, et dans quelle mesure la recherche ainsi engagée peut favoriser l'approche socio-culturelle des pays slaves, et, simultanément, leur intégration à un espace culturel européen qu'ils ont, par leur apport, déjà participé à modeler.

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3) Pour l'année 2006-2007: préparation d'un colloque international sur l'œuvre de Gustav Chpet et sa postérité :

« Gustav Chpet et sa postérité : aux origines russes de la sémiotique et du structuralisme »

Responsable : Maryse Dennes (Professeur à l'université Michel de Montaigne - Bordeaux 3, département d'Etudes Slaves).

Ce colloque sera le point terminal du programme de recherche que nous lançons sous le titre « Textes, Lieux et Frontières ». Tout en participant au mouvement de réhabilitation des grandes figures de la culture russe, disparues au moment de la « Grande terreur » stalinienne (G. Chpet est mort fusillé à Tomsk en 1937) et à la restauration des grandes œuvres de l'ère soviétique, condamnées à l'oubli ou à la falsification pendant plusieurs décennies, nous engagerons une approche réellement théorique et philosophique de l'œuvre de ce grand philosophe (Disciple russe de Husserl, Professeur à l'université de Moscou jusqu'à la fermeture de la chaire de philosophie en 1921, puis grande figure reconnue de la vie intellectuelle moscovite jusqu'en 1929), ainsi qu'une étude des implications de son œuvre dans les différents domaines de la culture (littérature, sciences humaines, arts). Nous verrons comment son œuvre, aux origines du structuralisme et de la sémiotique, a donné les bases d'une explication des modes de construction et de déconstruction, opératoires jusqu'à nos jours dans les domaines littéraires, artistiques autant que scientifique. La prise en compte des sources occidentales de cette œuvre philosophique (influences la philosophie des lumières, de la phénoménologie husserlienne, de la philosophie du langage anglo-saxonne et allemande, de l'empirisme anglais et de l'herméneutique diltheyenne) et de certains éléments relevant aussi de la culture russe, nous permettront de déceler comment, à travers certains « textes » et en certains « lieux », des courants de la philosophie occidentale furent reçus et retravaillés dans le contexte de la culture russe, même à la période soviétique, et comment, dans un tel contexte, les « frontières » entre la culture russe et la culture occidentale, sans cesser d'exister, furent toujours mouvantes et livrées aux aléas des influences réciproques. Dans le cadre d'une collaboration déjà engagée avec l'Université de Russie de l'Amitié des peuples (RUDN-Moscou), la Faculté d'Études slaves de l'Université de Szczecin (Pologne) et l'Université de Tver, nous mettrons particulièrement en valeur les éléments de l'œuvre de Gustav Chpet qui suscitent aujourd'hui l'intérêt des spécialistes en linguistique, en philosophie du langage et en sciences cognitives, et nous montrerons comment la découverte de G. Chpet sur la structure du mot et de l'expression peut avoir une fonction heuristique dans les domaines de la théorie littéraire et de l'esthétique, ainsi que dans la revalorisation des sciences humaines par rapport aux sciences dures. Nous chercherons à montrer comment des procédés littéraires comme la métalepse ou la métaphore peuvent être expliqués de façon nouvelle sur la base de cette structure, et comment cette dernière peut se donner comme un principe logocentrique d'interprétation et de constitution des faits culturels, dans un cadre qui, sans les rejeter, permet néanmoins de dépasser les frontières des cultures nationales.

D'un point de vue plus pratique, le travail déjà engagé à Bordeaux 3, autour de l'œuvre de Gustav Chpet, pourra servir de point d'appui pour l'organisation d'un séminaire et le développement des activités de recherches et de traductions en vue de la préparation du colloque. Les compétences réunies de nos collègues, spécialistes en linguistique, littérature et philosophie du langage, ainsi que les recherches déjà avancées de nos doctorants dans ces domaines, ajoutées à l'intérêt de nos collaborateurs extérieurs (français et étrangers) pour nos travaux sur Gustav Chpet, nous permettront d'organiser le séminaire annuel du CERCS, en en faisant un lieu privilégié pour la préparation des étudiants et des autres participants à la compréhension et à la réception des interventions du futur colloque. Insistance pourra être faite, en particulier, sur le contexte historique et culturel des années dix et vingt du XXe siècle, sur le cadre intellectuel à l'intérieur duquel a pu se développer l'œuvre de G. Chpet, sur les différents courants de pensée, les différents influences et les problématiques qui ont alors marqué l'intelligentsia moscovite. Simultanément, nous pourrons continuer le travail déjà entamé sur les œuvres de Gustav Chpet. La première œuvre maîtresse, Javlenie i smysl (Le phénomène et le sens), qui a été publiée en 1914, et dont nous avons déjà, à ce jour, avancé la traduction, sera, nous l'espérons, publiée au moment de la préparation du colloque. D'autres projets de traduction et de publication sont en vue, comme, par exemple, l'ouvrage « Vnutennjaja forma slova » (La forme intérieure du mot), dans lequel G. Chpet a fait une approche critique des thèses de W. von Humboldt sur le langage, et qui suscite aujourd'hui la curiosité de certains linguistes et philosophes occidentaux. Enfin, les relations que nous avons déjà établies avec les spécialistes de l'œuvre de Gustav Chpet en Russie et dans d'autres pays d'Europe (Hongrie, Grande Bretagne, Allemagne) et des USA (Chicago, Philadelphie) nous permettent d'envisager l'organisation d'un colloque qui, attendu par la communauté internationale, devrait bénéficier d'un certain retentissement autant en Russie qu'en Occident.

Le programme de recherche intitulé « Textes, Lieux et Frontières » s'achèvera donc dans une perspective européenne. La réhabilitation d'une œuvre rejetée, en Russie, au XXè siècle, par l'un des deux grands systèmes totalitaires qui ont marqué cette époque, servira à témoigner que les frontières, intérieures à l'Europe, sont souvent là pour être déplacées ou même résorbées par des œuvres qui, pour être comprises dans toute leur envergure, n'en demandent pas moins à être étudiées à travers leur ancrage linguistique et national particulier. De telles considérations nous permettront de revenir sur l'ensemble des colloques du programme et de tirer des conclusions générales quant au mode de présence des pays slaves dans le monde à la fois politique, social et culturel de l'Europe.

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